Après avoir remporté une victoire aux Young Directors Awards, plusieurs nominations aux UKMVAs et One point Four awards, le clip Burn October, réalisé par le duo argentin Wacho (Eduardo Braun & Justo Dell'Acqua) et produit par Noside, vient de se hisser à la 11e place du top 15 des meilleurs clips 2018 du classement BOOOOOOOM Awards. L'occasion de s'entretenir avec les Wacho, et de revenir sur la genèse et les coulisses de ce projet en immersion dans une des terres les plus reculées du globe.

L’histoire se déroule dans une petite colonie installée au fond de la jungle argentine : Misiones. C'est une histoire sur la vie, le deuil et l’approche même d’un concept de vie après la mort. ​​

— Wacho : « La province de Misiones est située à l'extrême nord de l'Argentine, dans la jungle amazonienne. Elle a des frontières communes avec le Brésil et le Paraguay. Tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, de nombreuses familles ukrainiennes, polonaises et allemandes sont arrivées dans cette région, créant des colonies et de petits villages dispersés dans la jungle, zone de la tribu aborigène Guarani. Dans ces conditions, ils ont généré une culture hybride. Ils ont leur propre dialecte, un patrimoine culturel très riche et un lien très profond et mystique avec la nature. Leur conception de la mort est très différente de celle des cultures occidentales. 
Nous voulions explorer cette culture très improbable, en particulier cette idée et approche radicalement différente de la mort et de l'au-delà.

Quelle a été la genèse de ce projet ?
— Wacho :
Nous avions un dossier intitulé 'Misiones' qui trainait depuis près d’un an sur notre bureau, attendant le bon moment, et puis Morgan, notre producteur chez Noside, est venu nous voir avec le son. Le titre offrait un univers très particulier, violent, émotionnel, primitif, psychédélique d'une certaine manière, la jungle était partout. D’ailleurs, la première version du son s’appelait « jungle-legacy-wip.mp3 ». Un signe difficile à ignorer… Nous avons donc commencé à travailler sur une histoire pour le titre en utilisant 'Misiones' comme décor et cadre. De là, tout s'est construit sur plusieurs semaines de manière très fluide, avec une grande liberté.

Quel a été le principal défi à relever pendant la production ?
— Wacho :
Tout. C'est un climat tropical, dans une des régions les plus reculées du globe. Il n'y a pas de réseau internet ou même de réception téléphonique. De longues distances à parcourir et des itinéraires difficiles pour y parvenir. Les gens sont très timides et solitaires…. C'est un univers parallèle.
Nous avons eu la chance de pouvoir y aller en repérages avant de commencer à tourner et de nous y immerger pendant près de 3 semaines. Nous voulions figer dans le clip des vraies personnes de Misiones, mais elles ne sont pas du tout habituées aux étrangers – surtout lorsqu’on vient avec des caméras. C'était un long processus d'apprendre à briser la glace et gagner peu à peu leur confiance. L'acteur principal est un esprit-libre, sans  attaches de Buenos Aires. Il était parfait pour le rôle parce qu'il était assez fou pour dire oui. Nous aimons travailler avec des non-acteurs. Nous essayons de les amener dans leur rôle en utilisant des techniques respiratoires et physiques qui incluent des indications absurdes et répétitives. Il s'agit de transformer la performance en jeu. C'était très intéressant de voir comment ils ont réagi à la caméra. En général, leurs émotions étaient si pures que nous n'avions pas besoin de les pousser trop loin pour arriver où nous voulions.

Quel est le souvenir le plus fort que vous gardez du tournage ?
— Wacho : Il y en a beaucoup, l'endroit lui-même dégage une énergie très intense… Le dernier jour de tournage nous avons partagé un repas très spécial avec les Guaranis. Ils ont fait cuire pendant plusieurs heures une sorte de ragoût dans une grande marmite et nous avons mangé tous ensemble dans la jungle éclairée à la seule lueur du feu. Ces moments resteront très longtemps avec nous.

Enfin, nous voulons tout particulièrement remercier Morgan, Rémi, l’équipe de Noside, Manu et Brian de Pantera, Adolpho Veloso, et tous ceux qui ont suivi et permis à ce film d’exister.

production Noside