A l’aube des Jeux Olympiques de Paris 2024, Partizan met la lumière sur 6 réalisatrices et réalisateurs dont le sport est au coeur de leur ADN. Des talents plus que jamais prêts à s'engager dans cette année exceptionnelle, sous le signe des cinq anneaux.

Pour cette deuxième publication, le réalisateur Anthony Wonke et la réalisatrice Ali (Alessandra) Kurr ont répondu à nos questions avec une sélection de leurs travaux.

Retrouvez ici notre premier focus sur Matt Baron et Floyd Russ

Pour Anthony Wonke, le monde du sport c’est comme un immense terrain de jeux.

Réalisateur britannique et véritable passionné de sport, il n’hésite pas aussi à mouiller le maillot: « Je préfère encore plus faire du sport que le regarder. Bien évidemment, j'adore réaliser et regarder des films sur la quête de soi dans l’excellence sportive ».

Connu pour ses documentaires « Children on the Frontline », « Fire in the Night », « The Battle for Marjah » et sa série « The Tower : A Tale of Two Cities », Anthony cherche toujours à percer la carapace des sportifs, qu’il s’agisse de l’invincible Cristiano Ronaldo ou les légendaires jockeys AP McCoy et Frankie Dettori. Privilégiant un langage naturaliste et intimiste, Anthony Wonke se passe de fioritures et arrive à créer un échange pur avec les athlètes. Plus que simple observateur, il s’immerge complètement dans leur récit personnel. Anthony est détenteur de trois BAFTA et d’un Emmy, un peu comme les médailles d’or d’un réalisateur… cependant, on doute qu’il les porte autour du cou.

Pour le réalisateur, le sport n'est pas simplement une série de compétitions et de victoires, c'est un terrain fertile où poussent les émotions humaines les plus diverses. « L’être humain est complexe, d’autant plus lorsqu’il est sportif de haut niveau. Sa vie est – et sera – parsemée de paradoxes, entre échecs et victoires, ombre et lumière, célébrité et solitude ». Des contradictions au cœur du succès, comme il les qualifie, qu’Anthony explore dans ses réalisations. Il met ainsi en lumière les thèmes du sacrifice et de la récompense, de la douleur et de la gloire, de la célébrité et de la solitude, de la richesse et de la pauvreté. « Le sport renferme toutes les textures et les émotions de la vie, concentrées et amplifiées dans une courte période de la vie d'un athlète. Les athlètes s'entraînent pendant des années pour un moment d'excellence ou d'échec qui ne dure que quelques secondes. Usain Bolt avait l'habitude de dire : "Je m'entraîne pendant 4 ans pour 9 secondes". Il n'y a rien d'aussi fort que cette intensité émotionnelle que le sport peut transmettre. »

Le prochain long-métrage d’Anthony Wonke nous plongera dans l'univers de la boxe, un sport qu'il a lui-même pratiqué et qu'il considère comme « le plus cinématographique de tous ». "In the Shadow" mettant en scène l'actrice Letitia Wright, est un drame basé sur l'histoire vraie de Ramla Ali, la première championne de boxe professionnelle britannique d'origine somalienne. Ramla a remporté un titre professionnel intercontinental IBF (International Boxing Federation) et a été nommée par le magazine Time comme l'une des femmes de l'année 2023. Le film a une sortie prévue courant 2024.

Le sport et la réalisation ont fusionné lors de son tout premier documentaire sur les gymnastes olympiques britanniques. Anthony a passé deux années aux côtés de l'équipe olympique feminine britannique, depuis l’annonce de la sélection jusqu'aux Jeux olympiques de Pékin. Ce tournage est sans aucun doute celui qui l’a le plus marqué : « Je filmais l'équipe britannique de gymnastique le jour de la sélection olympique. Ces jeunes filles s'étaient entraînées pendant 8 ans pour ce moment, et seules 8 d'entre elles sur 14 pouvaient être sélectionnées. Toute la scène s’est déroulée dans un couloir lors des championnats britanniques, et à mesure que les noms étaient annoncés, tout le monde s'est mis à pleurer : les filles, les entraîneurs, les parents et moi-même. Ce mélange de douleur et de déception était accablant. Ce qui était incroyable, c'est qu'elles se sont toutes reprises et ont performé 30 minutes plus tard. C'était impressionnant de voir à quel point ces jeunes gymnastes se sont contenues et ont fait face à l’un des moments les plus importants de leur vie. »

Portraitiste incontestable, Anthony Wonke a l’habitude de travailler avec des égos hors normes. Lorsqu’on lui demande avec quel genre d'athlètes il rêverait de faire équipe, Anthony n’hésite pas longtemps : « J’aurais rêvé de réaliser un documentaire sur Billie Jean King et Muhammad Ali à leur apogée. Ils sont tous les deux devenus plus grands que leur sport et ont touché la vie des gens de manière universelle. Je suis aussi convaincu qu'il reste encore beaucoup à dire sur Léo Messi, et j’espère un jour avoir l'opportunité de raconter son histoire de la manière la plus authentique qui soit. »

Anthony Wonke reconnaît volontiers que filmer ces sportifs n'est pas de tout repos. Cela implique de gérer des athlètes souvent pris par le temps, de rester calme face à des personnalités parfois imprévisibles, ou encore de coordonner des tournages avec plusieurs caméras. « J'ai souvent été amené à saisir des instants uniques dans des conditions loin d’être idéales ! Par exemple, j’ai dû réaliser une interview très émotionnelle de Neymar, à distance pendant la période de la COVID-19… Avec un délai très court, nous avons réussi à filmer un Classico avec 5 caméras en bord de terrain pour le documentaire « Ronaldo » sans qu'il le sache… Ou encore, filmer avec plusieurs caméras lors du Grand National la course d’obstacles hippique la plus grande et la plus dangereuse au monde. »

Enfin quand on lui demande dans quel sport il aimerait concourir en tant qu'athlète olympique, Anthony évoque les courses de relais sur piste. « J'ai eu la chance d'assister à deux Jeux olympiques et de filmer lors de ces événements ! J'ai vu la plupart des sports Olympiques en entraînement ou en compétition, et même si j'adore la piscine, la boxe et la gymnastique, aucune émotion n’est comparable à celle du relais sur piste. » Or, Anthony est déjà relayeur. Il passe le témoin pour des fragments de vie, récits de prouesses et d’échecs. Et c’est avec l’élégance et la grâce des athlètes de relais que notre réalisateur nous livre ces histoires, transformant chaque film en une course enivrante.

Retrouvez une sélection de travaux d’Anthony Wonke ici.


Dans la vie il y a deux types de personnes. D’un côté les prodiges du sport, ceux qui semblent être nés avec la balle au pied ou une raquette à la main ; et de l’autre côté, ceux qui n’avaient pas la moyenne en EPS, dont le seul objectif était « de ne pas se prendre la balle en pleine gueule ». C’est dans cette deuxième catégorie que se place notre réalisatrice Ali (Alessandra) Kurr. Elle même nous le confie : « Mon seul exploit sportif personnel consiste à avoir obtenu un certificat de participation en basket au lycée. Et je pense que c'est précisément mon inaptitude naturelle à attraper, lancer ou recevoir un ballon qui m'a poussée à célébrer les véritables champions de ces disciplines. C'est cette synchronisation des mouvements coordonnés au sein des équipes qui m'a captivée et m'a inspirée pour les immortaliser à travers la caméra. »

Surnommée « Emerging Brit » par la National Youth Film Academy, Ali (Alessandra) Kurr est passée de sa thèse en Histoire de l’Art à la réalisation de clips pour des artistes de renom parmi lesquels figurent Loyle Carner ou Rina Sawayama. Aujourd’hui le spectre de cette réalisatrice britannico-polonaise est large. Non seulement elle a conquis depuis le monde de la publicité en travaillant avec des géants internationaux tels que Nike, BBC, Samsonite ou encore Corona, mais Alessandra a aussi laissé son empreinte dans le monde de la fiction. Son court-métrage « Sparrow » a eu l’honneur d’inaugurer le festival londonien BFI Flare.

À l’instar des athlètes, Ali (Alessandra) Kurr ne connaît pas les limites. Malgré son manque de compétence sportive, sa fervente admiration pour le sport fait alliance avec ses réalisations. Cette entente a eu lieu dès sa première campagne publicitaire pour une marque de vêtements de rugby féminin. Elle se souvient de l'impact qu'ont eu sur elle les campagnes d'Aoife McArdle pour Under Armour, qui la décide à sauter le pas : « Je voulais acquérir des compétences techniques liées à la photographie, et cette première campagne était un excellent moyen de le faire. »

Mais derrière le masque de réalisatrice au travail acharné, se cache une femme affirmée, profondément investie sur l’être humain. De ses campagnes, on peut en tirer son goût pour le portrait. Avec une symbiose parfaite, Ali (Alessandra) Kurr s'engage à explorer les profondeurs de l’expérience de chaque athlète. Pour elle, il s'agit de capturer l'âme du sport en mettant l'accent sur la capacité des athlètes à surmonter la douleur, la peur voire la panique pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Elle explique : « Être en totale harmonie avec son corps, lui faire confiance, et avoir le courage de le démontrer devant un public, c'est un acte de foi véritable. Mon but est de saisir tout ce bouillonnement intérieur et de me glisser dans la peau de l’athlète. » Mais tout en montrant les facettes méconnues de l’athlète, Alessandra insuffle un discours engagé à ses films, comme l’illustre sa campagne percutante « This Girl can » pour Sport England à l’hymne du Girl Power. Il n’est donc pas étonnant qu’elle rêve de s’allier aux redoutables soeurs Williams, ces icônes du tennis.

C’est indéniable, c’est grâce à cette aptitude à s’assimiler au sportif que les films de notre réalisatrice sont si réussis. Ali nous prend par la main et nous entraîne dans l’odyssée sportive de l’athlète. Tellement immergés dans son périple que nous vivons ses défaites et ses victoires comme si elles étaient les nôtres. Ainsi, Ali (Alessandra) Kurr met en avant l’importance de l’émotion pure : « Il y a cette énergie spécifique d'une foule, totalement électrique, et qui me fait ressentir toutes sortes d'émotions, jusqu'aux larmes. Puis, il y a la douleur que ressentent les athlètes dans leur corps lorsqu'ils se poussent au maximum. Ce sont ces sentiments amplifiés dont vous avez besoin pour vous sentir humain. »

C’est pour cette raison que le plus grand défi auquel elle a dû faire face sur un tournage est sans hésitation celui pour les Jeux olympiques pendant la pandémie de COVID-19. Déconnectée de ses sujets, elle a dû composer avec une équipe réduite, limitant ainsi ses interactions avec les athlètes. Cependant, cette contrainte s'est avérée être l'une de ses meilleures expériences, renforçant sa confiance en son équipe.

Il fut un temps où Ali faisait partie de celles et ceux n’ayant aucune disposition pour le sport à l’école. Mais aujourd’hui, aucun sport ne lui résiste. Que ce soit du basket à l’escalade, passant par la natation ou le football, Ali (Alessandra) Kurr excelle à capturer chaque discipline avec sa caméra. Son rêve pour le futur ? Un retour à l’enfance, à ses racines : « Je viens de près de Nottingham, célèbre pour sa patinoire, alors j'adorerais vraiment photographier des patineurs à l’avenir. »

À l'approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, Ali Kurr continue de nous éblouir. Restez connectés pour suivre cette artiste talentueuse qui illumine l'univers sportif de sa vision unique.

Retrouvez une sélection de travaux d’Ali (Alessandra) Kurr ici.

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production Partizan