Deux mois après l’ouverture des inscriptions pour son édition 2025 (7–9 octobre à Berlin), le Festival Ciclope, seul événement international entièrement dédié à l’excellence craft en production et post-production, annonce une décision retentissante : la rupture de son partenariat avec Publicis Production (Groupe Publicis) et Coffee & TV (Omnicom). Les logos de ces deux entités ne figureront plus sur les supports de communication ni sur les espaces officiels du festival.

Ce retrait fait suite à une fronde d’envergure initiée par des sociétés de production indépendantes du monde entier — soutiens historiques du Ciclope — qui ont exprimé leur vive inquiétude quant à la présence de sponsors liés à des productions intégrées dans un festival historiquement ancré dans la valorisation de la création indépendante. À l’origine de cette mobilisation : une protestation portée initialement par des producteurs américains, alertant sur une atteinte à la neutralité du festival et un possible conflit d’intérêts nuisant aux producteurs indépendants de films publicitaires et aux annonceurs.

La réaction a été rapide et collective. Producteurs, réalisateurs, jurés et participants ont uni leurs voix pour défendre l’indépendance économique et artistique comme pilier fondamental du développement du secteur. Face à cette mobilisation, Francisco Condorelli, fondateur et organisateur du Ciclope, a lancé un processus de médiation en concertation avec plusieurs représentants clés des producteurs de films publicitaires internationaux, dont Florence Jacob (présidente de l’EPA – European Producers Association – et de l’UPC PUB), Steve Davies (APA, UK) et Matt Miller (AICP, US).

Compte tenu de la mise en péril du festival, la consultation transnationale a conduit Francisco Condorelli à cette décision, sans précédent dans l’histoire des festivals publicitaires, du retrait pur et simple des sponsors contestés, mais aussi à la création d’un comité stratégique chargé de réfléchir aux enjeux futurs du festival, en lien avec les attentes des créateurs et des professionnels de la production.

Ce retournement met en lumière un clivage désormais mondial de plus en plus marqué entre productions indépendantes et modèles intégrés, dans un contexte de transformation rapide des modèles économiques du secteur. Il révèle aussi, de manière exemplaire, «la capacité du collectif à infléchir la gouvernance d’un événement international, en faveur d’un modèle plus éthique, transparent et équitable qui profiterait au marché publicitaire international et notamment aux annonceurs», comme se félicite le syndicat de producteurs indépendants de films publicitaires espagnols auprès de ses membres.

Cet évènement replace au centre du débat, souhaité depuis des années par les producteurs, la nécessité de transparence et d’équité entre les agences, les producteurs et les annonceurs.