Création, production, diffusion des films publicitaires… C’est toute la chaîne de valeur publicitaire qui a subi de plein fouet les effets de la pandémie de Covid-19. Les professionnels de la production publicitaire ont assisté à l’effondrement, quasi immédiat, du marché, accroissant leur fragilité sociale et économique. Pour en mesurer les effets, le bureau de conseil en exécution image Kind Paris, fondé par Titem Mouici qu’a rejoint Julien Pasquier, a mené une étude exclusive sans précédent.

« Réalisée grâce aux données de la plateforme B-réputation, du cabinet Rubini&Associés et avec l’aide précieuse de Jean Aittouares du cabinet Ox Avocats et évidemment grâce à Florence Jacob et Xavier Prieur de l’APFP » précise d’emblée Julien Pasquier, avant de nous confier les raisons qui l’ont poussé à réaliser cette étude :
La crise sanitaire par sa violence nécessitait de faire l’état des lieux de la production publicitaire. Après quelques semaines totalement sidérantes pour la population en général et la publicité en particulier, on recevait avec Titem des appels de patrons de marques, d’agences de communication, de nombreux producteurs et tous cherchaient des nouvelles des uns et des autres comme nous si étions tous perdus en mer. Il y avait beaucoup d’inquiétudes et je crois que tout le monde a compris qu’on était tous liés. C’est la première impression qu’on a eu, celle de faire partie d’un même groupe. C’était douloureux car la peur était là mais l’optimisme aussi car nous avons senti beaucoup de bienveillance. C’est à ce moment qu’on a voulu prendre une réelle température de nos partenaires producteurs, ces mini entreprises fragiles en lançant cette étude grâce à la plateforme B-réputation. Avant d’intégrer Kind Paris, j’ai produit des films publicitaires pendant près de 20 ans. J’ai passé ma vie de producteur à essayer de développer des talents, de trouver des projets qui permettaient de nous faire voir, d’apporter quelque chose au marché. Je sais les risques que j’ai pris, pour exister. Chaque projet devait m’en rapporter un autre. Rien n’était jamais acquis. C’est aussi cet aspect qu’on a voulu présenter dans l’étude. Expliquer le profil de ces entrepreneurs qui sont face à ces sociétés du CAC 40 et qui restent essentiels, inimitables, courageux.

Packhotmag: Comment s’est déroulée cette étude, auprès de qui ?

Pour comprendre l’impact de la pandémie sur le secteur, on a directement sondé les producteurs avec des questions précises sur leurs structures, sur les solutions qu’ils ont réussi à mettre en place pour survivre dans cette période blanche. On les a aussi questionnés sur leur ressenti, leurs inquiétudes. C’était bien d’avoir eu plus de 60 maisons de productions présentes pour nous répondre mais cela nous a aussi fait réfléchir sur le fait que peu de gens connaissaient vraiment cette population. Entre fournisseurs, prestataires, productions déléguées, productions exécutives il y a un brouillard inquiétant et qui ne les sert certainement pas. On a donc élargi notre étude à leur écosystème, cela n’avait jamais été fait auparavant. Présenter la filière de la production publicitaire indépendante en toute transparence pour que les clients réalisent l’importance d’avoir ces partenaires en permanente ébullition et qui sont sources d’inspiration.

PSM: Quelle est la finalité de cette étude ?

La dernière partie de l’étude sont les grandes questions qui se posent suite à la pandémie. Ces problématiques étaient déjà là bien avant et il faut se servir de cette crise comme générateur d’opportunités et pas seulement y voir les contraintes. C’est sur ces grands enjeux que Kind Paris se propose de travailler avec ses clients, les prises de conscience et leurs mises en application pour sortir de cette période avec de vraies améliorations, pour le bien de tous.

PSM : Vous êtes également président d’honneur de l’APFP que vous avez présidée pendant 8 années et qui est maintenant présidée par Florence Jacob. Est-ce que cette étude n’aurait pas pu être diligentée par l’APFP plutôt que Kind Paris ? Quel est l’accueil de cette étude au sein de l’association ?

Je ne crois pas que cette étude dans sa version complète puisse être mieux accueillie par les acteurs du secteur que venant par un bureau indépendant comme Kind Paris. Nous ne sommes ni annonceur, ni agence, ni producteur. Notre rôle est d’apporter nos expertises en problématiques de production et nous sommes donc plus que légitimes. En allant plus loin, venant des producteurs eux-mêmes je pense que l’analyse aurait été mal interprétée.
J’ai pendant plus de 10 ans, d’abord comme membre puis comme président tout fait pour défendre les intérêts des producteurs indépendants et professionnaliser la filière. Nous assumons de mettre en valeur la qualité des producteurs français. Ce n’est que grâce à eux, que des beaux films continueront d’exister. Cette étude va servir l’APFP pour mieux faire connaitre leur environnement et leur permettre de présenter des chiffres solides.
J’ai travaillé sur cette étude avec l’aide de Florence et de Xavier de l’APFP. On peut dire que Florence a eu son baptême du feu, arriver comme présidente de toute une corporation dans une période pareille. Mais avec le recul, les batailles qu’elle a menées, les dispositifs qu’il a fallu mettre en place l’ont formée et je pense ont nourri cette passion en elle. J’ai eu cette passion pendant de longues années et c’est le seul moteur nécessaire pour diriger bénévolement un syndicat.

 

 

Quelques chiffres clés de cette étude à découvrir dans son intégralité ici :

– La crise sanitaire a provoqué la suspension totale d’activité de 62 % des sociétés de production

– 58 % des sociétés de production ont eu des projets annulés

– 75 % des sociétés de production ont eu des projets reportés

– 471 films potentiellement impactés sur les trois mois habituellement les plus actifs de l’année soit 38 % des films en production et 35 % du CA du secteur